La capitale économique du Bénin, Cotonou, a abrité du 9 au 11 mai 2025 la 6ᵉ Conférence internationale du Groupe Initiative Afrique (GIAF). Cette rencontre de haut niveau a rassemblé des acteurs politiques, économiques et intellectuels africains autour du thème : « Comment penser les souverainetés africaines dans un monde fracturé et incertain ? »

Placée sous le signe de la réflexion stratégique pour l’Afrique, la conférence a été officiellement lancée le vendredi 9 mai par le ministre d’État chargé du Développement et de la Coordination de l’action gouvernementale, Abdoulaye Bio Tchané. Dans son discours inaugural, le ministre a exhorté les pays africains à devenir des acteurs majeurs de la gouvernance mondiale. Il a souligné les nombreuses fractures — géopolitiques, économiques, sécuritaires et environnementales — qui affectent le continent, plaidant pour une souveraineté africaine responsable, proactive et ouverte.
Plusieurs personnalités influentes ont marqué cette rencontre par leurs interventions. Jean-Louis Ekra, ancien président de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), a évoqué les turbulences mondiales actuelles, telles que le possible retour de Donald Trump à la présidence américaine, la montée des tensions géopolitiques, le dérèglement climatique, ou encore la fragilité du multilatéralisme. Il a insisté sur la nécessité, pour les États africains, de reprendre le contrôle de leurs leviers économiques et de renforcer l’intégration régionale, saluant au passage l’émergence d’un souverainisme panafricain.
Sidi Ould Tah, ancien président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), a quant à lui articulé son intervention autour de quatre axes prioritaires : la recrudescence des conflits, l’enjeu démographique, les avancées technologiques, et la réforme de l’architecture financière africaine. Il a notamment souligné l’importance d’une éducation adaptée au marché du travail et d’une mobilisation accrue des ressources locales, en impliquant le secteur privé et les PME. À cet effet, il a salué les initiatives du Bénin, notamment la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé, considérée comme un modèle pour la transformation locale et la création d’emplois durables.

La conférence s’est poursuivie avec cinq sessions thématiques portant sur des enjeux clés tels que la souveraineté économique, la sécurité, la culture, l’éducation et la gouvernance. Parmi les thématiques abordées : « Souveraineté et souverainisme : (re)construire une souveraineté équilibrée en politique intérieure africaine », ou encore « Les conditions de conquête de la souveraineté économique de l’Afrique ».
Les recommandations issues des échanges seront compilées afin d’alimenter les politiques publiques africaines dans les années à venir. Un pas de plus vers une Afrique maîtresse de son destin dans un monde en pleine mutation.
Boris MAHOUTO