(Une réforme historique dans les communes de Nikki, Kalalé et Pèrèrè pour encadrer les pratiques matrimoniales traditionnelles.)
*L’Empereur de Nikki, Sa Majesté Séro Torou Tuko Sari, a procédé à une réforme majeure du mariage traditionnel dans son royaume, couvrant les communes de Nikki, Kalalé et Pèrèrè. L’annonce a été faite lors d’une cérémonie officielle en présence des autorités coutumières, des chefs religieux, des élus locaux et des représentants de la société civile. Cette initiative vise à uniformiser et à assainir les pratiques liées au mariage traditionnel, souvent marquées par des exigences financières jugées excessives.*
La réforme fixe la dot à 300 000 FCFA pour une jeune fille se mariant pour la première fois, et à 80 000 FCFA pour une jeune dame déjà mariée par le passé. Ces montants constituent une volonté claire de mettre fin aux pratiques inflationnistes qui, selon plusieurs observateurs, freinaient l’accès au mariage pour de nombreux jeunes et constituaient une source de conflits sociaux.
En amont de la cérémonie de dot, la demande en mariage devra désormais être accompagnée d’un versement de 20 000 FCFA pour une jeune fille, et de 10 000 FCFA pour une femme remariée. En cas d’acceptation de la demande, une enveloppe symbolique de 5 000 FCFA ainsi que les colas traditionnels seront remis à la famille de la future épouse.
*Des pratiques sociales désormais proscrites*
L’Empereur a également mis fin à certaines coutumes jugées contraignantes ou sources d’abus. Il est désormais interdit : d’organiser une soirée festive après l’acceptation de la demande de main ; d’exiger le fameux placard ou armoire “Kobo”, auparavant imposé au futur marié ; d’imposer au prétendant le paiement du petit déjeuner à sa fiancée ; de demander un soutien financier aux belles-sœurs lors des cérémonies et autres événements familiaux.
Ces mesures visent à recentrer le mariage traditionnel sur ses valeurs fondamentales : l’union des familles, le respect mutuel et la solidarité communautaire, sans les charges excessives et parfois injustifiées qui y étaient associées.
*Un cadre contraignant pour garantir l’application*
Pour garantir l’effectivité de ces décisions, l’ensemble des autorités locales, communales, traditionnelles, religieuses et coutumières, ainsi que les forces de sécurité (notamment les commissaires), ont été formellement appelés à veiller au respect strict de ces nouvelles règles.
Cette réforme, entrée en vigueur dès son annonce le mercredi 28 mai 2025, marque un tournant important dans la gestion des coutumes matrimoniales dans le Nord Bénin. Elle est perçue par plusieurs acteurs locaux comme un geste d’émancipation sociale, en particulier pour les jeunes, souvent découragés par les charges financières du mariage.
*Entre modernité et tradition : un équilibre délicat*
En instaurant ce nouveau cadre, l’Empereur Séro Torou Tuko Sari semble vouloir reconcilier les traditions avec les réalités économiques et sociales actuelles. Dans une région où les pratiques coutumières pèsent fortement sur la vie sociale, cette décision est saluée comme une forme de justice sociale et d’adaptation culturelle.
Des voix s’élèvent cependant pour appeler à la vigilance, rappelant que la réussite de ces réformes dépendra avant tout de leur acceptation populaire et de l’implication continue des leaders communautaires dans leur vulgarisation.
Boris MAHOUTO