Après l’adoption d’une nouvelle Constitution ayant fait basculer le Togo d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, les Togolais sont appelés aux urnes, lundi, pour élire les membres de l’Assemblée nationale, mais aussi leurs conseillers régionaux. Le président Faure Gnassingbé, en place depuis 2005, espère voir son parti, l’UNIR, remporter les élections afin de se maintenir au pouvoir comme président du Conseil des ministres.
Les Togolais votent, lundi 29 avril, à des élections législatives et régionales après une réforme de la Constitution controversée, destinée selon l’opposition à maintenir au pouvoir le président Faure Gnassingbé.
Selon cette réforme adoptée le 19 avril à l’unanimité par les députés, le président sera élu pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois, mais par les députés et non plus par le peuple. Le scrutin au suffrage direct prévu en 2025 a été annulé.
Le pouvoir résidera désormais entre les mains du président du Conseil des ministres, une sorte de super-Premier ministre qui sera obligatoirement « le chef du parti majoritaire » à l’Assemblée nationale.
Le chef du parti vainqueur des élections sera donc nommé à cette nouvelle fonction. Le président du parti actuellement majoritaire à l’Assemblée, l’Union pour la République (UNIR), n’est autre que Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père Gnassingbé Eyadéma, lui-même resté près de 38 ans aux manettes de l’État. L’opposition craint que le nouveau texte permette la prolongation de la dynastie Gnassingbé à la tête du pays.
Outre les 113 députés de l’Assemblée nationale, les Togolais éliront pour la première fois 179 conseillers régionaux qui désigneront, avec les conseillers municipaux, les membres du Sénat nouvellement créé.
Pour l’UNIR, cette réforme rend les instances du pouvoir plus représentatives du Togo. Mais les partis d’opposition mobilisent leurs soutiens pour voter contre ce qu’ils qualifient de « coup d’État institutionnel ».
Des partisans de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP, regroupement de partis d’opposition et d’organisations de la société civile), lors de la campagne électorale pour les législatives et régionales, à Lomé le 27 avril 2024Des partisans de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP, regroupement de partis d’opposition et d’organisations de la société civile), lors de la campagne électorale pour les législatives et régionales, à Lomé le 27 avril 2024 © Dodo ADOGLI / AFP
« Je n’attends que la forte mobilisation toute la journée de lundi, pour qu’on puisse donner la chance à l’opposition de gagner ces élections et de prendre le contrôle de l’Assemblée nationale et du pays », a déclaré Afi Akladji, 42 ans, un cordonnier qui soutient le principal parti d’opposition, l’ANC. « Nous ne sommes pas dans un royaume, l’opposition va gagner ces élections ».
Faure Gnassingbé, 57 ans, a déjà remporté quatre élections, toutes dénoncées comme truquées par l’opposition. En vertu de la Constitution précédente, il ne pouvait plus se présenter qu’une fois à la présidence, en 2025. D’après la nouvelle Constitution, le président togolais aura désormais un rôle essentiellement honorifique, d’où la volonté de Faure Gnassingbé de devenir président du conseil des ministres.
Les manifestations de l’opposition Interdites Pour ses partisans, son maintien au pouvoir signifie la poursuite des programmes de développement qui, disent-ils, ont amélioré les infrastructures.
Je m’abonne »Aujourd’hui, nous avons des routes dans le pays, notamment à Lomé, des écoles sont construites, plusieurs projets sont initiés en faveur des femmes, des jeunes et des paysans », énumère Evariste Yalo, 31 ans, informaticien et militant du parti au pouvoir. « Le pays bouge, raison pour laquelle le président doit poursuivre le travail entamé. »
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a annoncé qu’elle envoyait une équipe d’observateurs électoraux au Togo.
À l’approche du scrutin, les autorités ont de leur côté serré la vis. Toutes les tentatives de l’opposition pour manifester contre la réforme constitutionnelle ont été interdites. Et la Commission électorale a refusé à la Conférence des évêques du Togo l’autorisation de déployer des observateurs électoraux, selon un document consulté par l’AFP.
La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication a également suspendu temporairement les accréditations pour la presse étrangère voulant couvrir les élections.
RCMM Source AFP