(Une enquête d’opinion révèle les attentes, les doutes et les motivations des électeurs à quelques mois du scrutin).
*À l’approche des élections générales prévues pour 2026 au Bénin, l’heure est à la mobilisation nationale. Du nord au sud, l’effervescence politique gagne progressivement les rues, les salons, les marchés, les réseaux sociaux… Mais une question demeure cruciale : les citoyens iront-ils massivement voter ? Sont-ils confiants dans le processus électoral ? Quels sont leurs véritables motifs de participation ou d’abstention ?*
Une récente enquête d’opinion menée auprès d’un échantillon représentatif d’électeurs potentiels, toutes tranches d’âges et catégories socio-professionnelles confondues, livre des enseignements contrastés sur l’état d’esprit des Béninois à l’orée de ce rendez-vous démocratique majeur.

Une volonté de participation, mais une confiance érodée
Les résultats de l’enquête révèlent que près de 68 % des personnes interrogées affirment leur intention d’aller voter. Une statistique relativement encourageante qui témoigne d’un attachement à l’exercice du droit de vote, considéré comme un devoir civique et un levier de changement.
Cependant, seulement 41 % des sondés affirment avoir confiance dans la transparence du processus électoral, exprimant des doutes quant à l’impartialité de la Commission électorale nationale autonome (CENA) ou la sincérité des résultats.
Des jeunes interrogés, notamment ceux âgés de 18 à 30 ans, plusieurs évoquent leur désillusion vis-à-vis de la classe politique, les promesses non tenues, et leur sentiment d’être instrumentalisés puis oubliés. L’abstention, chez cette frange de la population, s’annonce significative si des mesures de reconquête citoyenne ne sont pas engagées.
*Motivations de vote : entre espoir de changement et pression sociale*
Parmi ceux qui comptent voter, l’espoir d’un changement politique et socio-économique reste la principale motivation évoquée. La sécurité, l’emploi des jeunes, l’éducation et la santé figurent en tête des préoccupations.
Pour d’autres, la participation est surtout motivée par le devoir moral ou religieux, voire par des considérations communautaires. Certains reconnaissent également être influencés par les pressions sociales ou familiales, voire par des intérêts ponctuels liés à des dons ou promesses d’ordre clientéliste.
*Défis majeurs : désinformation, exclusion numérique et méfiance*
Plusieurs obstacles à une participation effective et éclairée ont été identifiés. La désinformation et la manipulation de l’opinion sur les réseaux sociaux inquiètent particulièrement les observateurs. Les fake news, propagées à grande vitesse, influencent l’opinion et alimentent la défiance envers les institutions.
De plus, le fossé numérique et l’analphabétisme privent encore une large portion de la population d’un accès à l’information électorale crédible. À cela s’ajoute la peur de violences politiques ou de représailles, évoquée surtout dans certaines localités sensibles.
*Recommandations des citoyens : plus de transparence et d’éducation civique*
Les citoyens sondés expriment plusieurs recommandations pour renforcer leur adhésion au processus électoral. En premier lieu, une demande forte de transparence, tant au niveau du financement des campagnes que du dépouillement des résultats.
Ensuite, ils souhaitent une intensification des campagnes d’éducation civique et de sensibilisation à l’importance du vote, en particulier dans les zones rurales et auprès des jeunes. Enfin, nombre d’entre eux appellent à des débats publics entre les candidats, pour mieux juger de la pertinence de leurs projets de société.
*Une démocratie en quête de vitalité*
À quelques mois des élections générales de 2026, l’enquête d’opinion sur la participation citoyenne met en lumière un paradoxe béninois : un peuple attaché à la démocratie, mais parfois désabusé par son fonctionnement concret.
Pour que la participation soit massive, éclairée et libre, les acteurs politiques, institutionnels et de la société civile doivent œuvrer ensemble à restaurer la confiance et à mobiliser toutes les franges de la population. Le scrutin à venir représente non seulement un test pour les candidats en lice, mais aussi un baromètre de la vitalité démocratique du Bénin.
Boris MAHOUTO