Le corps électoral gabonais se prépare à élire son futur président démocratiquement, après le long règne de la dynastie Bongo et la transition conduite par le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Dans ce contexte, le débat politique s’anime, mobilisant acteurs politiques, responsables de la société civile et observateurs avertis. Chacun apporte son analyse et sa vision pour enrichir la vie politique gabonaise.*
Après la convocation du corps électoral pour le 12 avril 2025 et l’ouverture du dépôt des candidatures du 27 février au 8 mars, tout semble être en place pour l’organisation d’élections présidentielles transparentes et démocratiques au Gabon. Cette situation est bien perçue par l’ensemble de la classe politique ainsi que par la population, qui attend avec impatience cette échéance décisive. Mais avant ce rendez-vous électoral, place aux débats publics. Invité dans l’émission……., le panafricaniste Éric Richard Ella Bekalé a livré une analyse approfondie des enjeux de cette élection capitale qui se profile à l’horizon.
*Quelle issue pour la transition ?*
Habitué à cet exercice, Éric Richard Ella Bekalé anticipe une issue favorable à ces élections. Concernant la probable candidature du général Brice Clotaire Oligui Nguema, attendue le 3 mars prochain (jour de son anniversaire), il n’y voit pas d’incident majeur. Selon lui, l’essentiel réside dans la manière dont l’annonce sera faite, en évitant les tensions souvent observées lors de transitions à haut risque.
D’après cet analyste averti et panafricaniste engagé, quelle que soit la démarche adoptée, une candidature du président de la transition, en fonction depuis le coup d’État d’août 2023, déclenchera forcément un débat animé au sein de l’opinion publique. Toutefois, elle ne constituerait ni une surprise ni un élément perturbateur du processus.
*Les enjeux d’une déclaration de candidature*
Dans son argumentaire, Éric Richard Ella Bekalé évoque le contexte dans lequel Brice Clotaire Oligui Nguema pourrait annoncer sa candidature. Pour lui, la manière dont cette déclaration sera faite pourrait fournir des indices sur l’issue du scrutin.
Il fait ainsi référence à André Mba Obame, qui avait annoncé sa candidature depuis Barcelone, là où Omar Bongo s’était éteint. De la même manière, une candidature d’Oligui Nguema pourrait surprendre, mais aussi créer un large consensus et mobiliser ses partisans.
*Les conditions d’éligibilité et les défis de l’opposition*
Sur la question des conditions d’éligibilité, notamment pour l’opposition, Éric Richard Ella Bekalé rappelle que la Constitution limite la candidature à l’élection présidentielle aux personnes âgées de 35 à 70 ans. Cette règle entraîne donc l’exclusion automatique de certains candidats qui ne sont plus dans les limites constitutionnelles, donc d’offices forfaits et disqualifiés.
Selon lui, bien que plusieurs figures politiques ayant participé aux élections depuis des décennies ne puissent plus se présenter, cela ne doit pas être perçu comme un obstacle au processus électoral. Il estime que le renouvellement de la classe politique est une nécessité et que l’absence de ces figures historiques ne doit pas être considérée comme une fatalité.
*Le boycott, une stratégie risquée*
S’exprimant sur une éventuelle décision de l’opposition de boycotter l’élection du 12 avril, Éric Richard Ella Bekalé met en garde contre la politique de la chaise vide, qu’il juge suicidaire pour la gauche gabonaise. Il insiste sur l’importance de participer aux élections, quelle qu’en soit l’issue, car l’histoire a montré que le boycott a rarement été une stratégie payante. Il rappelle que les périodes électorales sont souvent marquées par des ruses et des tactiques politiques, mais souligne que l’essentiel est le message porté auprès de la population et la crédibilité du combat politique mené.
*L’influence des stratégies politiques et des réseaux sociaux*
Prenant exemple sur des figures politiques ayant réussi à s’imposer dans des contextes difficiles, il cite notamment le cas du Sénégal avec le duo Ousmane Sonko – Bassirou Diomaye Faye, ainsi que le retour de Donald Trump aux États-Unis, malgré ses démêlés judiciaires et les campagnes médiatiques hostiles. Pour Éric Richard Ella Bekalé, les nouvelles technologies et les réseaux sociaux permettent aujourd’hui de contourner les obstacles traditionnels à la communication politique et de mobiliser efficacement les électeurs. Il estime que le plus important est d’exprimer les aspirations des citoyens dans un langage sincère et accessible.
*Un cadre institutionnel en mutation*
Suite au coup d’État du 30 août 2023 ayant renversé Ali Bongo Ondimba, le général Oligui Nguema a pris la tête du pays avec la promesse de restaurer un gouvernement civil dans un délai de deux ans. Dans cette optique, une nouvelle Constitution a été adoptée par référendum en novembre 2024, limitant désormais le mandat présidentiel à deux termes de sept ans chacun.
Pour garantir la transparence et la crédibilité du processus électoral, le gouvernement a mis en place l’Autorité de Contrôle des Élections et du Référendum (ACER). Cet organe indépendant supervise l’organisation des scrutins et veille au respect du code électoral, dans le but de rétablir un climat de confiance entre les institutions et les citoyens gabonais.
*L’opposition face aux enjeux électoraux*
L’opposition politique gabonaise est incarnée par plusieurs figures clés jouant un rôle majeur dans la dynamique électorale : Albert Ondo Ossa : Ancien ministre et universitaire respecté, il a été désigné en août 2023 comme candidat consensuel de la principale plateforme d’opposition pour l’élection présidentielle. Paulette Missambo : Leader influente de l’opposition, elle a été nommée en septembre 2023 à la tête de l’une des chambres du Parlement de transition, signe d’une volonté d’inclusivité politique. Jocksy Ondo-Louemba : Journaliste et écrivain, il est connu pour ses critiques acerbes tant envers le régime en place que l’opposition, dénonçant les compromissions et appelant à une transformation politique en profondeur. Ces personnalités, parmi d’autres, participent activement au débat démocratique, chacune avec sa propre vision pour l’avenir du Gabon.
Actualité politique et électorale au Gabon, Décryptage par Éric Richard Ella Bekalé

Directeur de publication de Cloche Media Monde