Alors que l’insécurité continue de sévir dans le Sahel, les pays côtiers comme le Bénin, bien qu’historiquement épargnés par les violences djihadistes, se retrouvent désormais en première ligne. La situation dans les régions frontalières avec le Burkina Faso et le Niger impose une vigilance accrue et une adaptation constante des dispositifs sécuritaires.
Depuis plusieurs années, le Sahel est devenu un foyer d’instabilité où les groupes armés terroristes (GAT) rivalisent d’audace, imposant leur loi dans de vastes zones désertiques du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Cette insécurité chronique a fini par franchir les frontières naturelles, exposant les pays du golfe de Guinée, et en particulier le Bénin, à de nouveaux défis sécuritaires.

Les attaques aux portes du Bénin
Les premières incursions de groupes armés ont été signalées dans le nord du Bénin à partir de 2021. Depuis, plusieurs attaques ont visé des postes de sécurité, des convois militaires et parfois même des civils, notamment dans les départements de l’Atacora et de l’Alibori. Ces agressions, souvent d’une grande violence, ont mis en lumière la perméabilité des frontières et l’infiltration progressive des groupes armés opérant depuis le Burkina Faso voisin. Les régions frontalières, historiquement enclavées et marginalisées, sont devenues des zones sensibles où le gouvernement béninois concentre désormais une part importante de ses efforts de sécurisation.
Une réponse militaire renforcée

Face à cette menace diffuse, le Bénin a adopté une stratégie de riposte multisectorielle. Sur le plan militaire, plusieurs unités spéciales ont été déployées dans les zones à risque. Le programme de renforcement des forces armées a été accéléré, avec la formation de troupes adaptées à la lutte contre le terrorisme en zone sahélienne, l’acquisition d’équipements spécifiques et le renforcement du renseignement.
Le pays bénéficie également de la coopération internationale, notamment dans le cadre de l’Initiative d’Accra, un cadre de coordination sécuritaire entre pays d’Afrique de l’Ouest visant à contenir l’expansion des groupes terroristes vers le sud. Des partenaires bilatéraux comme la France, les États-Unis ou encore l’Union européenne appuient également les efforts béninois en matière de formation, de renseignement et d’équipements.
*Les enjeux civils et communautaires*
Mais la réponse à la menace terroriste ne peut être uniquement militaire. Le gouvernement béninois mise également sur des approches préventives, en renforçant la présence de l’État dans les zones reculées, à travers des projets de développement, des infrastructures sociales de base, et des programmes de cohésion sociale.
L’un des défis majeurs réside dans la prévention de la radicalisation, notamment chez les jeunes, souvent désœuvrés, et dans la consolidation du lien entre les forces de sécurité et les populations locales. Plusieurs initiatives sont menées avec les leaders communautaires et religieux pour renforcer la résilience sociale face aux discours extrémistes.
*Un enjeu régional majeur*
La situation au Sahel a montré combien l’instabilité est contagieuse. Le Bénin, comme ses voisins le Togo, la Côte d’Ivoire et le Ghana, est aujourd’hui confronté à une menace qui transcende les frontières. La lutte contre le terrorisme ne peut donc être gagnée seul : elle impose une coopération régionale étroite, des stratégies partagées et une volonté politique forte.
Dans ce contexte, la sécurité du Bénin ne se joue plus uniquement à Cotonou, mais aussi à Natitingou, à Porga, à Kérou et dans tous ces territoires qui forment désormais la première ligne de défense contre l’avancée des groupes armés.
Alors que la menace terroriste se déplace vers les pays côtiers, le Bénin se trouve à la croisée des chemins. Entre réponse militaire et actions de développement, le pays tente de construire une résilience durable. Mais la situation reste volatile et exige un engagement constant, tant au niveau national que régional. La sécurité, désormais, est l’affaire de tous.
Boris MAHOUTO