L’énergie est au cœur du développement économique et social d’une nation. Elle conditionne l’industrialisation, l’éducation, la santé, les services publics et la qualité de vie des populations. Pourtant, en Afrique, l’accès à l’électricité demeure un défi majeur, même dans les pays considérés comme les locomotives économiques du continent.*
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Malgré ses immenses ressources naturelles (gaz, pétrole, barrages hydroélectriques, énergie solaire), l’Afrique subsaharienne reste l’une des régions du monde les plus touchées par le déficit énergétique. Plus de 600 millions d’Africains vivent sans accès à l’électricité, et dans certains pays, les coupures de courant sont quotidiennes et fréquentes. Un continent plongé dans l’obscurité totale et incapable de sortir la parade idoine pour corriger le tir.
Le Nigeria, première puissance économique du continent et producteur majeur de pétrole, est paradoxalement confronté à un réseau électrique défaillant. Lagos, capitale économique bouillonnante, fonctionne en grande partie grâce aux générateurs privés, un comble pour un pays disposant d’immenses réserves de gaz naturel. En Afrique du Sud, la situation n’est guère meilleure : la compagnie nationale Eskom peine à stabiliser le réseau, et le pays subit des coupures prolongées affectant ménages et entreprises.
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*L’échec des politiques énergétiques et des interconnexions régionales*
Face à ce problème chronique, plusieurs initiatives ont été lancées, notamment des projets d’interconnexion électrique régionale. Mais ceux-ci peinent à se concrétiser en raison de la corruption, de la mauvaise gestion et du manque de volonté politique. Les financements et aides au développement alloués à l’électrification n’ont jamais permis de résorber durablement le déficit énergétique.
Les politiques nationales, souvent mal adaptées, favorisent une dépendance aux énergies fossiles plutôt qu’un virage vers des solutions durables comme le solaire et l’éolien. L’initiative Power Africa, lancée par les États-Unis, et le projet Desert to Power de la Banque africaine de développement sont des tentatives louables, mais elles ne suffisent pas à combler le gouffre énergétique du continent.
*Les grands fortunés africains, abonnés absents*
Dans ce contexte, une question se pose : où sont les milliardaires africains ? Régulièrement cités dans les classements de Forbes, des figures comme Aliko Dangote (Nigeria), Johann Rupert (Afrique du Sud) ou Nassef Sawiris (Égypte) disposent de fortunes colossales. Pourtant, ils sont curieusement absents des initiatives visant à résoudre la crise énergétique qui plombe le développement du continent.
Ces magnats injectent des milliards dans l’expansion de leurs empires économiques, construisent des industries, investissent dans des secteurs lucratifs, mais rares sont ceux qui s’impliquent dans la mise en place d’une infrastructure énergétique solide et accessible à tous. Pourquoi ne pas unir leurs forces pour financer des projets d’énergies renouvelables ? Pourquoi ne pas créer un fonds panafricain dédié à l’électrification du continent ?
*Une solution qui doit venir des Africains eux-mêmes*
L’Afrique ne peut plus compter éternellement sur des financements extérieurs. La solution au déficit énergétique réside dans une prise de conscience collective et une mobilisation des ressources locales. Les États doivent adopter des politiques énergétiques ambitieuses et transparentes, les entreprises doivent s’engager dans des projets durables, et les grandes fortunes africaines doivent enfin jouer un rôle moteur dans ce combat.
Le continent dispose de tout le potentiel nécessaire pour s’affranchir de l’obscurité : des ressources naturelles abondantes, une jeunesse dynamique et une diaspora influente. Le plateau fournit à l’Afrique plus du tiers du potentiel hydroélectrique du monde, soit environ 259 millions de chevaux-vapeur – plus que ne produisent l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Europe et l’Australie réunies. Il est temps que les véritables bâtisseurs du futur africain se lèvent et fassent de l’énergie une priorité absolue.
Boris MAHOUTO